Plan blanc d’établissement : cadre réglementaire, plan ORSAN et critère impératif HAS
March 14, 2023
Temps de lecture :
6 minutes
Le plan blanc est un dispositif de gestion de crise pour faire face à une situation sanitaire exceptionnelle (SSE). Il permet de mobiliser les moyens dont dispose un établissement de santé (public ou privé) en cas d’afflux de patients ou de victimes.
Des dispositions réglementaires en passant par le plan ORSAN, les risques et menaces concernées et les éléments d’évaluation HAS, on vous dit tout sur le plan blanc d’établissement !
Le cadre législatif du plan blanc
C’est le Code de la santé publique, et plus précisément la loi n° 2004-806 du 9 août 2004, qui a permis de donner une base légale à l’adoption d’un plan blanc par tous les établissements de santé du territoire.
Chaque établissement de santé est doté d’un dispositif de crise dénommé plan blanc, qui lui permet de mobiliser immédiatement les moyens de toute nature dont il dispose en cas d’afflux de patients ou de victimes ou pour faire face à une situation sanitaire exceptionnelle. Articles L3131-7 du code de santé publique version en vigueur depuis le 27 juillet 2019.
Le plan blanc est également encadré par trois circulaires du ministère de l’Emploi et de la Solidarité relatives à :
- L’organisation du système hospitalier en cas d’afflux de victimes (circulaire du 3 mai 2002)
- L’organisation des soins médicaux en cas d’accident nucléaire ou radiologique (circulaire du 2 mai 2002)
- L’élaboration des plans blancs des établissements de santé et des plans blancs élargis (circulaire du 14 septembre 2006)
Le plan blanc peut être déclenché par le directeur ou le responsable de l’établissement de santé public ou privé qui en informe le représentant de l’État dans le département.
En cas de canicule, pandémie grippale, inondation, etc. l'alerte peut être émise au niveau départemental, régional ou national (Ministère de la Solidarité et de la santé, de la direction générale de la santé, sous-direction de veille et d’anticipation des risques sanitaires).
L’intégration du dispositif ORSAN dans le plan blanc
Pour faire face à ces événements exceptionnels, le plan blanc doit également intégrer les orientations du plan ORSAN et recenser les moyens de l’établissement de santé susceptibles d’être mobilisés.
Le dispositif ORSAN (appelé par ailleurs plan ORSAN, ou schéma ORSAN) est l’équivalent intra hospitalier du dispositif ORSEC. Il permet de définir les scenarii des principales situations sanitaires exceptionnelles susceptibles d’impacter le système de santé.
L'objectif du dispositif ORSAN
Au cours d’événements exceptionnels, le plan ORSAN permet :
- de formaliser une meilleure coordination régionale des dispositifs existants sur l’ensemble des secteurs de santé (libérale, établissements de santé et établissements médico-sociaux)
- d’identifier les adaptations à prévoir dans l’organisation de l’offre de soins en cas de mobilisation des ressources sanitaires
- de planifier la montée en puissance progressive et coordonnée du système de santé.
Les cinq volets du plan ORSAN
Les volets ORSAN prennent en compte l’ensemble des risques majeurs susceptibles d’impacter l’offre de soins :
- AMAVI : accueil massif de victimes non contaminées d’un événement grave (accident, catastrophe, attentat).
- ORSAN EPI-CLIM : prise en charge des tensions dans l’offre de soins liées au nombre important de patients suite à une épidémie saisonnière et/ou lors d’un phénomène climatique, voire environnemental important.
- ORSAN REB : prise en charge des patients dans le cadre du risque épidémique et biologique connu ou émergent.
- ORSAN NRC : prise en charge des patients dans le cadre d’un risque nucléaire, radiologique ou chimique.
- ORSAN MEDICO-PSY : prise en charge médico-psychologique des patients victimes d’un événement grave (accident, catastrophe, attentat).
Tous les risques identifiés dans le cadre du plan ORSAN sont déclinés dans la cartographie des risques (devant être renseignée par l’établissement de santé).
Cartographie des risques : principaux risques et menaces que doit prévoir le plan blanc
Le plan blanc doit être en mesure de préparer l’établissement aux principaux risques et menaces auxquels il peut être confronté. L’ensemble de ces risques doit être identifié dans la cartographie des risques.
Deux grands types de crises peuvent être distingués :
- Les risques liés à l’interne (ayant lieu dans l’établissement) : sinistre incendie, dégât des eaux, panne généralisée d’électricité, etc.
- Les risques liés à l’environnement externe : catastrophes naturelles, épidémies, attentats.
Risques liés à l’environnement extérieur
Les risques externes recouvrent différentes catégories de risques corrélées à des typologies de situations à risques identifiées.
Afflux de blessés somatiques et psychiques
- Accident de la route, aérien ou ferroviaire
- Accident de chantier
- Attentat (balistique, explosif, voiture bélier, piétinement, effondrement de structure ...)
- Incendie
- Explosion
- Accident du travail « en masse »
- Émeute/rixe importante.
Afflux de malades notamment de personnes fragiles (personnes âgées, enfants)
- Épidémie saisonnière (exemples : grippe saisonnière, bronchiolite, toxi-infection alimentaire collective, etc.)
- Événement climatique (canicule, grand froid, pollution, etc.).
Prise en charge de patients atteints par un agent infectieux émergent (risque épidémique et biologique)
- Coronavirus
- Fièvres hémorragiques virales
Prise en charge de patients atteints par un agent NRC
- Accident ou attentat nucléaire, radiologique (NR) ou chimique (C)
Risques liées à un incident ou une défaillance en interne
À l’instar des risques externes, les risques internes recouvrent différentes catégories de risques corrélées à des typologies de situations à risques identifiées.
Dégradation du fonctionnement des installations
- Incendie ou risque d’inondation qui menace l’établissement
- Panne électrique, risque de panne d’approvisionnement énergétique (exemples : coupure électrique, défaut d’approvisionnement en carburant)
- Panne téléphonique
- Rupture d’approvisionnement d’eau potable
- Action malveillante, menace d’attentat au sein de l’établissement
- Défaillance des systèmes d’information, cyberattaque.
Infection associée aux soins
- Fermeture d’une unité de production ou de soins (pouvant être liée par exemple à la présence de légionelles, épidémie à clostridium difficile)
Altération de l’offre de soins
- Pénurie de médicaments ou de fluides vitaux
- Difficultés de circulation du personnel (ex. épisode climatique intense, neige, inondation, cyclone, etc.).
Pour chaque risque le plan blanc doit décrire les procédures et les mises en place prévues en fonction des différents risques. Le plan blanc est révisé chaque année par l’établissement.
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Le critère HAS relatif aux situations sanitaires exceptionnelles
Dans le référentiel de certification les SSE font l’objet d’une évaluation via le critère impératif 3. 6-01 :
La gestion des tensions hospitalières et des situations sanitaires exceptionnelles est maîtrisée.
À partir de la méthode Audit système, l’établissement est évalué sur 10 éléments d’évaluation.
Les éléments d’évaluation concernant la Gouvernance
Lors de l’évaluation, la gouvernance sera évaluée sur les huit éléments suivants :
◼ Les catégories de risques pouvant générer des tensions hospitalières ou des crises sanitaires exceptionnelles, sont identifiées par l’établissement.
Décryptage
La Gouvernance de l’établissement doit être en mesure de :
- Citer les risques identifiés susceptibles de générer des tensions
- Décrire les procédures prévues et ce qui a été mis en place en fonction des différents risques.
◼ Les objectifs de l’établissement de santé pour la prise en charge des patients en situation sanitaire exceptionnelle en fonction de son plateau technique sont conformes au plan ORSAN élaboré par l’ARS (établissement de santé de première, deuxième ou troisième ligne).
Décryptage
La Gouvernance de l’établissement doit être en mesure de :
- Détailler les objectifs de la déclinaison du plan ORSAN dans l’établissement
- Décrire l’organisation du plateau technique concerné au niveau du stock ou de la mobilisation identifiée.
◼ La cellule de crise, opérationnelle dans les 45 minutes suivant l’alerte, dispose des outils et procédures nécessaires à son rôle de décision et de coordination (prise en charge médicale des patients, organisation de crise, sûreté/sécurité, communication, suivi des victimes et accueil des familles, fonctions support).
Décryptage
Lors de l’évaluation, la Gouvernance doit être en mesure de décrire :
- L'organisation et le fonctionnement de la cellule de crise
- Les moyens humains et matériels identifiés de jour comme de nuit par type de risques
- L’organisation de la communication auprès de l’établissement, des patients, des familles et les outils utilisés (SMS, etc.)
- La procédure concernant l’identitovigilance.
◼ Des exercices ou entraînements sont réalisés au moins une fois par an.
Décryptage
Lors de l’évaluation, il s’agit d’être en mesure d’apporter la preuve de :
- La date du dernier exercice réalisé dans l’établissement et par risque.
◼ Le cas échéant, les événements relevant de la mise en œuvre des plans font l’objet de retours d’expérience en santé (RetEx).
Décryptage
Il s’agit de montrer :
- Le REX du dernier exercice ou de la dernière situation de crise
- Le plan d’actions mis en place.
◼ Des aménagements permettant la mise en isolement pour risque de transmission d’agents infectieux sont prévus.
Décryptage
La Gouvernance doit pouvoir décrire :
- La manière dont est organisé l’isolement des patients dans les services.
◼ Le nombre de lits, les équipements de protection individuelle, les dispositifs médicaux (de type respirateur, PSE, moniteurs de surveillance) disponibles ainsi que les capacités de diagnostic microbiologique et de réalisation des examens de biologie médicale nécessaires pour la conduite des soins en cas de déclenchement du plan de gestion des tensions hospitalières et des situations sanitaires exceptionnelles sont identifiés et font l’objet d’un suivi régulier pour en assurer l’opérationnalité.
Décryptage
La Gouvernance doit pouvoir décrire :
- L’organisation de la gestion des lits
- La mise à disposition des équipements des dispositifs médicaux
- Les modalités de fonctionnement avec le laboratoire pour la réalisation des examens
- La mise en place des modalités de suivi.
◼ La mobilisation de ressources supplémentaires est coordonnée avec les partenaires du territoire.
Décryptage
La Gouvernance doit pouvoir répondre sur :
- La coordination avec les partenariats du territoire pour la gestion des ressources complémentaires et comment cette coordination s’articule.
Les éléments d’évaluation : l’entretien professionnel
Lors de l’évaluation dans le cadre de l’audit système, l’entretien professionnel portera sur les éléments suivants :
◼ Le ou les plans de gestion des tensions hospitalières et des situations sanitaires exceptionnelles de l’établissement ont été collectivement élaborés (gouvernance, instances, professionnels, représentants des usagers).
Décryptage
Les professionnels doivent :
- Avoir connaissance du plan blanc
- Savoir où le trouver
- Pouvoir citer les risques qui peuvent déclencher le plan blanc
- Savoir qui contacter dans le cadre des situations sanitaires exceptionnelles.
◼ Les professionnels et services concernés par l’activation des plans de crise connaissent les modalités de l’alerte et de la mise en œuvre.
Décryptage
Les professionnels doivent :
- Connaitre les modalités d’alerte et de mise en œuvre d’un plan de crise
- Savoir comment ils seront contactés
- Connaitre les responsables en cas d’alerte (coordonnées, localisation, etc.)
- Témoigner de leur participation à un exercice et décrire lequel.
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Questions fréquentes
Découvrez nos réponses aux questions fréquemment posées sur le DUERP en structure médico-sociale, sociale et sanitaire.
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À propos de l’auteur
Gregory Cousyn
Grégory occupe le poste de Head of Customer Care & Quality chez Qualineo. Son parcours : ancien infirmier diplômé d’état ayant travaillé pour le Ministère des Armées, Grégory Cousyn intègre un établissement de santé où il occupait un poste de direction. Son expérience s’articule autour de l’optimisation des organisations pour développer les performances et l’activité d’un établissement, l’appui à la stratégie et la gestion de projets.
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