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Risques biologiques : les identifier, les évaluer et les prévenir

Gregory Cousyn

March 22, 2023

Temps de lecture :

4 minutes

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Sanitaire

Dans ce troisième volet dédié aux risques professionnels fréquents des secteurs sanitaire, social et médico-social, découvrez les risques biologiques. Voir les volets précédents : Risques physiques et de chute et Risques psychosociaux.

Lorsqu'on évoque les risques biologiques, on pense toujours en premier lieu aux accidents d’exposition au sang (AES). Pourtant, dans le secteur de la santé et du service à la personne, de nombreux autres modes de contamination sont rencontrés. Dans ce nouvel article, apprenez à bien les identifier afin de les prévenir à la source.

Quels sont les risques biologiques ?

Dès lors où un professionnel dans le cadre de son travail est susceptible d’être exposé à un ou plusieurs agents biologiques pouvant nuire à sa santé, on parle de risques biologiques. Les secteurs de la santé et des services à la personne y sont particulièrement exposés.

Que dit la législation ?

C’est la directive européenne du 26 novembre 1990 qui fixe pour la première fois les prescriptions minimales à respecter pour éviter ou réduire les risques d’exposition à des agents biologiques.

En France, ce n’est qu’en 1994 que les dispositions réglementaires européennes ont été introduites par décret dans le Code du travail (Articles R.4421-1 à R 4427-5). Le décret du 4 mai définit les agents biologiques et classe les agents biologiques pathogènes. L’arrêté du 18 juillet 1994 modifié en dresse la liste.


Il sera complété 9 ans plus tard par l’arrêté du 10 juillet 2013 relatif à la prévention des risques biologiques auxquels sont soumis certains travailleurs susceptibles d'être en contact avec des objets perforants. Parmi les personnels concernés, les professionnels des Établissements de santé publics et privés ainsi que les Établissements sociaux et médico-sociaux sont particulièrement exposés.

Quels sont les agents biologiques ?

Les agents biologiques sont définis réglementairement et appartiennent à plusieurs catégories parmi lesquelles on compte :   

  • Les bactéries responsables de la tuberculose ou du staphylocoque doré, etc. 
  • Les virus responsables de l’hépatite B, de la varicelle et du zona, etc. 
  • Les champignons microscopiques responsables de teigne, candidose, etc. 
  • Les endoparasites responsables de la toxoplasmose, de tænias, etc.
  • Les prions ou agents transmissibles non conventionnels (ATNC) agents de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, etc. 

Quels sont leurs effets sur la santé ?

Les répercussions sur la santé peuvent être variables en fonction de facteurs individuels de la personne exposée. Quatre types de risques peuvent résulter d’une exposition à un risque biologique :

Risques infectieux 

Un micro-organisme pathogène pénètre dans le corps et se multiplie. Ces risques sont les plus fréquents au travail et peuvent être à l’origine :

  • de tuberculose
  • d’hépatite C 
  • de légionellose 
  • de grippe 
  • de covid-19.

Risques allergiques

La présence d’un allergène provoque une réaction importante de l’organisme par une réponse immunitaire inappropriée pouvant provoquer la rhinite et l’asthme professionnel.  

Risques toxiniques 

Certains agents biologiques libèrent des toxines pouvant être à l’origine, par exemple, du tétanos.

Risques cancérogènes

Des agents biologiques peuvent être à l’origine d’un cancer. Cependant, les conditions de contamination par des agents biologiques sont rarement réunies en situation de travail. On peut citer : le cancer du foie faisant suite à une hépatite B ou C devenue chronique.

Quelle est la démarche pour évaluer les risques biologiques ?

Lors de la démarche d’évaluation, il s’agit de procéder à une évaluation qualitative des risques biologiques auxquels est exposé le personnel des structures. La démarche consiste à identifier les chaines de transmission en repérant :

1 - Les réservoirs potentiels des agents biologiques

Il s’agit de s’intéresser aux réservoirs susceptibles de contenir un ou plusieurs agents biologiques à savoir : 

  • Les personnes : du fait du travail au contact de l’humain
  • L’environnement : du fait du travail au contact de produits d’origine humaine lors de des soins ou de l’entretien des locaux (eaux, sols, objets contaminés). 

2 - Les modalités d’exposition et les situation dangereuses qui s’y rapportent 

Dans les milieux du soin et des aides à domicile, les professionnels peuvent potentiellement être exposés aux agents biologiques dans plusieurs situations : 

Par inhalation (voie respiratoire)

  • Soins à un malade qui tousse (émission de gouttelettes)
  • Tri de déchets (générant des poussières). 

Par contact avec la peau ou les muqueuses

  • Projection d’eau sale dans les yeux
  • Réalisation de la toilette d’une personne 
  • Port de mains contaminées au visage ou aux yeux (lors du ramassage de poubelles).

Par inoculation

  • Piqûre avec une seringue contenant du sang
  • Coupure avec un couteau souillé.

Par ingestion

  • Port à la bouche des mains ou des objets contaminés
  • Prise d’aliments ou d’une cigarette avec des mains contaminées
  • Projection d’eau sale sur la bouche.

3 - Les hôtes potentiels 

Il peut s’agir du personnel de la structure ou d’usagers :  

  • Immunisés
  • ou présentant un terrain particulier : grossesse, immunodépression ou maladie chronique.

Lors de l’évaluation des risques (effectué à l’occasion de la mise à jour du DUERP) il s’agit de prendre en compte  : 

  • La gravité des dommages potentiels pour la santé des professionnels 
  • ainsi que la fréquence des expositions pour mettre en place des actions de prévention pertinentes. 
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Comment déterminer les moyens de prévention des risques biologiques ? 

Pour limiter l’exposition des professionnels du secteur social, médico-social ou de la santé, plusieurs séries d’actions de prévention doivent être mises en place. La démarche va consister à agir sur  : 

  • Le réservoir, à savoir sur le risque à la source (et le plus en amont possible)
  • L’exposition aux agents biologiques pour éviter la transmission 
  • L’hôte, à savoir le professionnel.

Actions de prévention sur le réservoir 

Supprimer les conditions qui favorisent le développement des agents biologiques par : 

  • Le nettoyage régulier des surfaces
  • Une ventilation générale en bon état de fonctionnement (pour limiter l’humidité)
  • L’entretien et la maintenance des locaux (contre les moisissures)
  • La désinfection des surfaces, la stérilisation du matériel
  • Le ramassage et le traitement rapide des déchets.

Confiner le réservoir d’agents biologiques par : 

  • Des conteneurs spécifiques et adaptés pour éliminer les déchets à risques infectieux (DASRI)*
  • L’isolement d’un patient malade (pour limiter la dissémination de la maladie).

* DASRI : Déchets d'Activités de Soins à Risques Infectieux 

Actions sur l’exposition (pour éviter la transmission)

Limiter le nombre de personnes exposées

  • Séparation des zones contaminées des zones propres 
  • Application du principe de “marche en avant” (du propre vers le sale) sans retour en arrière
  • Seuls les professionnels indispensables ont accès aux pièces où sont présentes les personnes susceptibles d’être infectées 
  • Signalisation par un pictogramme aux accès aux zones présentant un risque biologique.

Mettre en place une ventilation adaptée pour :

  • Améliorer l’atmosphère de travail par un apport d’air neuf 

Utiliser des matériels de sécurité 

  • Pour réduire le risque de piqûre avec des aiguilles ou scalpels.
  • Installation d’écrans de protection contre les projections de gouttelettes.

Actions au niveau de l’hôte (le professionnel)

Port d’équipements de protection individuelle (EPI) 

Si la mise en place de mesure collective est impossible ou s’avère insuffisante, on peut avoir recours à des EPI : 

  • Gants à usage unique
  • Lunettes masques et écrans faciaux
  • Masques chirurgicaux ou FFP2
  • Vêtements de protection.

Il s’agira de veiller également à : 

  • Nettoyer et entretenir les EPI qui ne sont pas à usage unique
  • Former le personnel à leur utilisation.

Vaccination pour limiter l’apparition de maladies  

Suivant l’indication du médecin du travail, la vaccination peut également être indiquée. 

Pour rappel

Les professionnels exposés des établissements de prévention, de soin ou hébergeant des personnes âgées ainsi que les étudiants des professions médicales et paramédicales ont déjà une obligation vaccinale :

  • Diphtérie, tétanos, poliomyélite (DTP)
  • Hépatite B.

Depuis le 15 septembre 2021 ont une obligation vaccinale contre la Covid-19 (sauf contre-indication médicale), les professionnels : 

  • des établissements de santé et des hôpitaux des armées 
  • des établissements médico-sociaux (Ehpad, USLD, résidences autonomie
  • des structures handicap avec ou sans hébergement (et y compris non médicalisées)
  • des établissements sociaux rattachés à un établissement de santé (LHSS, LAM, CSAPA, CAARUD, CLAT, CEGGID). 

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Questions fréquentes

Découvrez nos réponses aux questions fréquemment posées sur le DUERP en structure médico-sociale, sociale et sanitaire.

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À propos de l’auteur

Gregory Cousyn

Grégory occupe le poste de Head of Customer Care & Quality chez Qualineo. Son parcours : ancien infirmier diplômé d’état ayant travaillé pour le Ministère des Armées, Grégory Cousyn intègre un établissement de santé où il occupait un poste de direction. Son expérience s’articule autour de l’optimisation des organisations pour développer les performances et l’activité d’un établissement, l’appui à la stratégie et la gestion de projets.