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Élaborer un plan blanc d’établissement en 7 étapes

Gregory Cousyn

March 30, 2023

Temps de lecture :

6 minutes

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Sanitaire

Depuis 2004, tout établissement de santé a l’obligation réglementaire d’élaborer un plan blanc et de le transmettre à l’Agence régionale de santé. Le plan blanc intègre le dispositif ORSAN et prévoit les mesures générales à mettre en œuvre en cas de crise ainsi que les mesures spécifiques adaptées à la situation sanitaire exceptionnelle (SSE).

Dans cet article, retrouvez les 7 grandes étapes d’élaboration du plan blanc inspirées du guide d’aide* conçu par la Direction générale de la santé et la Direction générale de l’offre de soins.

*Guide d’aide à la préparation et à la gestion des tensions hospitalières et des situations sanitaires exceptionnelles.

Étape 1 : Constitution de l’équipe projet

Pour élaborer le plan blanc, le Directeur de l’établissement s’appuie sur une équipe projet composée :

  • d’un chef de projet : un Directeur (exemple : directeur qualité et gestion des risques)
  • du ou des référents SSE de l’établissement : médecins, pharmaciens, cadres de santé, infirmiers, ingénieurs en gestion de risque ou tout autre personnel d’encadrement qualifié dans les domaines des SSE (médecine d’urgence, médecine de catastrophe, gestion de crise, NRBC-E, etc.).
  • de toute personne-ressource : le responsable sécurité/sûreté ou le responsable de la sécurité des systèmes d’information. 

Les référents SSE sont chargés : 

  • d’élaborer et d’actualiser le plan blanc et le plan ORSAN
  • de le diffuser auprès des professionnels de l’établissement 
  • d’organiser des exercices en vue de tester son caractère opérationnel 
  • de mettre en œuvre le retour d’expérience.

Étape 2 : Organisation de la réponse

Pour élaborer un plan de gestion de crise adapté et efficace, la deuxième étape consiste à organiser la réponse de l’établissement selon 4 phases

Analyser les risques et menaces 

Il s’agit d’établir une cartographie des risques et menaces à partir des différentes sources d’information interne et externe disponibles. 

Risques et menaces propres à l’établissement

Voici les documents sur lesquels s’appuyer :

  • L’évaluation des risques menée dans le cadre de la démarche de certification de la Haute Autorité de Santé (HAS)
  • Les signalements d’événements indésirables ; ƒ 
  • Le document unique d’évaluation des risques professionnels (DUERP). 
  • Les rapports d’inspection, de contrôle, et de conformité de l’établissement ; ƒ 
  • Les audits cliniques et organisationnels 
  • les diagnostics techniques et sanitaires (réseaux d’eau, etc.)

Risques et menaces extérieurs

Voici les documents à prendre en compte :

  • Le dispositif ORSAN
  • Le schéma départemental d’analyse et de couverture des risques, qui recense les risques de toute nature auxquels sont confrontés les services départementaux d’incendie et de secours (SDIS) et les moyens mis en place pour y faire face. 
  • Le dossier départemental des risques majeurs élaboré par le Préfet visant à informer la population sur les risques naturels et technologiques majeurs et sur les mesures de prévention et de sauvegarde prévues pour limiter leurs effets 
  • et tout autre document de nature à apporter des informations utiles en cas de risques majeurs et de menaces graves

Pour connaitre les principaux risques et menaces que doit prévoir le plan blanc voir notre article : Plan blanc d’établissement : cadre réglementaire, plan ORSAN et critère impératif HAS

Identifier des capacités de réponse de l’établissement

Il s’agit de : 

✅ Procéder à l’analyse des capacités de prise en charge pour chaque volet ORSAN

✅ Recenser les moyens humains susceptibles d’être mobilisés

✅ Recenser les moyens matériels : en réalisant un inventaire exhaustif des équipements et matériels disponibles et en assurant un suivi en temps réel de ses stocks. 

✅ Déterminer les ”effets à obtenir” selon les objectifs fixés dans ORSAN.

Réponse minimale attendue pour tout établissement de santé 

Risque AMAVI 

> Accueillir et prendre en charge un nombre important de blessés non régulés avant éventuellement leur transfert vers des établissements spécialisés. 

Risque NRC 

> Détecter par l’interrogatoire un événement inhabituel de nature NRC 

> Alerter par un circuit prédéfini le Directeur et les structures chargées de la sécurité de l’établissement, le SAMU territorialement compétent et l’ARS. 

> Protéger son infrastructure, son personnel, les patients et visiteurs en procédant à la fermeture et à la sécurisation des accès 

> Assurer l’orientation des personnes se présentant à l’entrée de l’établissement vers une zone prédéfinie et leur permettre de réaliser de façon autonome une décontamination d’urgence.  

Risque REB 

> Accueillir et détecter les cas suspects non régulés 

> Mettre en œuvre des mesures d’isolement, y compris aux urgences.  

Risque EPI-CLIM 

> Gérer l’aval des urgences en adaptant les capacités d’hospitalisation dans les services de médecine polyvalente et de gériatrie et dans les services spécialisés d’infectiologie 

> Assurer la prise en charge de patients présentant des signes de gravité (USC, réanimation) > Mettre en œuvre les mesures d’isolement adéquates pour éviter la contagion dans un contexte épidémique.  

Risque MEDICO-PSY 

> Accueillir et prendre en charge des blessés psychiques et des proches en initiant, en tant que besoin, une prise en charge médico-psychologique.

Mise en place des outils génériques de réponse

Les outils génériques de réponse pour faire face à tout type de situation sont les suivants :

  • Moyens humains mobilisables et rappel de personnel
  • Déprogrammation d’activités et libération de lits
  • Moyens matériels supplémentaires mobilisables : stocks constitués par l’établissement (fluides médicaux, brancards, produits pharmaceutiques, dispositifs médicaux, produits sanguins labiles, etc.) et stocks « tactiques » (PSM1, PSM2, PSM pédiatrique, UMDH, respirateurs, tenues de décontamination)
  • Gestion des flux de patients : triage des patients
  • Évacuation, confinement et sécurisation de l’établissement.

Élaboration des outils spécifiques de réponse 

Il s’agit d’élaborer des volets spécifiques pour chaque risque identifié dans ORSAN en menant des réflexions sur les sujets suivants : 

  • Les spécificités de l’événement (mécanisme, gravité, cinétique, durée, fréquence, conséquences potentielles) 
  • La typologie des patients à prendre en charge (médicale, chirurgicale, pédiatrique, gériatrique, à risque de contamination…)
  • La préparation de la réponse au sein des établissements de santé
  • L’état des moyens et des ressources nécessaires et disponibles, mais aussi les éventuels équipements et produits de santé 
  • Les mesures particulières à prévoir (protection, sécurisation, confinement, évacuation, prise en charge médico-psychologique, formation du personnel, etc.)
  • La communication et les circuits d’information
  • L’évaluation du dispositif et le retour d’expérience.

Étape 3 : Préparation de la conduite de crise

Se préparer à la conduite de crise implique de mettre en place des outils de pilotage.

Mise en place de la cellule de crise 

Pilotée sous l’autorité du Directeur de l’établissement de santé, la cellule de crise est l’organe de décision et de coordination de l’établissement. La composition de cette cellule est dimensionnée en fonction du niveau de réponse. Elle doit pouvoir être activée en moins de quarante-cinq minutes 24 h/24 et 7J/7 de façon autonome avec des équipements fonctionnels.  

Missions de la cellule de crise

  • Analyse de la situation
  • Coordination des actions 
  • Prise de décisions pour répondre à la situation : adaptation de l’organisation des soins et de la prise en charge médicale des patients, évaluation des moyens mobilisables, assurance du soutien technique / logistique, du suivi des victimes et l’accompagnement des familles, de la sécurisation de l’établissement
  • Lien avec les autorités
  • Communication interne et externe (avec les autorités et les médias).

Déterminer le rôle et missions de chaque acteur

Pour chaque mission/fonction identifiée au sein de la cellule de crise, il est important d’élaborer des fiches de poste afin que chaque membre connaisse précisément son rôle, ses responsabilités et ses interlocuteurs.

Dans les établissements identifiés comme étant de « première ligne » et dans le cadre du dispositif ORSAN (volets AMAVI, NRC et REB) un Directeur Médical de Crise (DMC) doit être identifié et formé. En dehors des périodes de gestion des SSE, les DMC sont des référents SSE de l’établissement associés à la préparation et la planification de la réponse hospitalière. 

Missions du DMC lors de la gestion d’une SSE

  • Analyse de la situation sanitaire exceptionnelle d’un point de vue médical et définition de la stratégie de réponse de l’établissement pour la prise en charge des patients
  • Évaluation des ressources nécessaires pour assurer la réponse à la SSE et le maintien de l’activité courante
  • Proposition à la cellule de crise  (le cas échéant) de réorganisation de l’offre de soin pour répondre aux besoins identifiés 
  • Organisation et pilotage de la réponse médicale en lien avec le Président de CME pour faire appliquer les décisions prises en cellule de crise dans les différents secteurs du plateau technique médico-chirurgical
  • Être le correspondant direct du SAMU-centre 15 et de tout correspondant médical extérieur.
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Étape 4 : Structuration d’un plan de réponse selon deux niveaux

Cette étape consiste à structurer le dispositif de réponse selon deux niveaux de gradation.ƒ

Le niveau 1 ou « plan de mobilisation interne » 

Permet de répondre à une situation de tension ou de risques avérés. Le niveau ne met pas l’établissement en difficulté dans son fonctionnement, mais nécessite la mise en œuvre de mesures d’adaptation partielle de l’offre de soins. 

Le niveau 2 ou « plan blanc » 

Permet de répondre aux situations exceptionnelles ayant un impact potentiellement majeur sur l’organisation de l’établissement. Il nécessite la mobilisation de tout ou partie de l’établissement.

Dès l’activation d’un des deux niveaux de réponse, l’établissement de santé doit le signaler à l’Agence Régionale de Santé et effectuer avec elle des points de situation réguliers.

Étape 5 : Information, sensibilisation et formation du personnel

Des sessions régulières d’information doivent être dispensées à l’ensemble des personnels pour leur permettre de mieux appréhender l’organisation nationale et territoriale de la gestion de crise : 

  • Les dispositifs ORSEC, ORSAN
  • Le plan de mobilisation des ressources sanitaires, etc.
  • Le dispositif de réponse propre à l’établissement. 

En ce qui concerne la formation du personnel, il est recommandé de définir annuellement un plan de formation annuel incluant : 

  • Une formation spécifique délivrée aux membres de la cellule de crise
  • Les formations aux gestes et soins d’urgence et aux SSE (AFGSU de niveau 1, 2 et spécialisée).

Le plan de formation doit répondre : 

  • aux orientations relatives à la formation des professionnels de santé contenues dans le dispositif ORSAN 
  • être adapté aux missions confiées à l’établissement. 

Lorsque l’établissement fait partie d’un Groupement Hospitalier de Territoire (GHT), le plan de formation aux SSE doit être décliné au sein du groupement dans le cadre des orientations du projet médical partagé relatif à l’organisation de la réponse aux SSE.

Étape 6 : Réalisation d’exercices et d’entraînements 

Il est recommandé de construire un programme pluriannuel d’exercices offrant ainsi une lisibilité à l’ensemble des acteurs sur le cheminement de la démarche et le but à atteindre. 

La réalisation d’exercices permet : 

  • de tester les dispositifs et procédures en place 
  • d’acquérir de l’expérience 
  • de déterminer les points forts, les faiblesses 
  • de donner lieu aux axes d’amélioration. 

L’exercice peut être : 

  • Global ou partiel : on teste tout ou partie du dispositif de gestion de crise
  • Inopiné ou annoncé : l’effet de surprise n’est à envisager que si le personnel est entraîné.

Les exercices incontournables à tester une fois par an : 

✔️ Les procédures d’alerte 

✔️ Le délai de constitution de la cellule de crise

✔️ La fermeture des entrées et leur sécurisation en cas d’alerte NRC 

✔️ Le rappel des personnels 

✔️ Le suivi et la traçabilité des victimes (SIVIC) 

✔️ La prise en charge d’un afflux massif de victimes non contaminées

✔️ La prise en charge d’un patient suspect d’une infection hautement contagieuse (REB)

✔️ La prise en charge de patients contaminés et la capacité de décontamination hospitalière.

Étape 7 : Retour d’expérience et évaluation de la réponse de l’établissement

Cette étape est primordiale dans le processus d’amélioration de la préparation de la réponse aux SSE. 

La mise en place d’un RETour d’EXpérience (RETEX) permet de mener une analyse a posteriori de la gestion d’un événement réel (situation de crise) ou fictif (exercice) et de tirer les enseignements positifs ou à améliorer. 

Le retour d’expérience se fonde sur l’analyse méthodologique des informations collectées dans les aspects techniques, humains, événementiels et organisationnels. 

Menée à l’issue d’un exercice ou d’une situation réelle, l’évaluation va permettre de :

  • Vérifier les procédures 
  • Évaluer l’implication des personnels et des moyens engagés 
  • Mettre en place un plan d’actions pour impulser une démarche d’amélioration

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Questions fréquentes

Découvrez nos réponses aux questions fréquemment posées sur le DUERP en structure médico-sociale, sociale et sanitaire.

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À propos de l’auteur

Gregory Cousyn

Grégory occupe le poste de Head of Customer Care & Quality chez Qualineo. Son parcours : ancien infirmier diplômé d’état ayant travaillé pour le Ministère des Armées, Grégory Cousyn intègre un établissement de santé où il occupait un poste de direction. Son expérience s’articule autour de l’optimisation des organisations pour développer les performances et l’activité d’un établissement, l’appui à la stratégie et la gestion de projets.