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Gestion des risques en ESSMS : le dossier complet

Gregory Cousyn

March 6, 2025

Temps de lecture :

6 minutes

L'image montre trois femmes en réunion, dont une plus âgée qui se penche vers les deux autres, tandis qu'elles examinent un document ensemble.
Médico-social / Social

La gestion des risques en ESSMS est cruciale pour garantir la sécurité des usagers et des professionnels.

Dans un contexte marqué par une judiciarisation croissante, cette démarche proactive permet non seulement de prévenir les incidents, mais aussi de renforcer la confiance des usagers et des parties prenantes. 

Découvrez dans ce dossier complet  : les concepts et enjeux du management des risques, l’identification et l’évaluation des menaces potentielles, leur traitement et maîtrise efficace ainsi que l’importance de la gestion des risques dans le référentiel HAS.

Comprendre la gestion des risques en ESSMS

La gestion des risques en ESSMS vise à garantir la sécurité et le bien-être des usagers tout en préservant les droits et libertés individuels. 

Objectifs clés de la démarche

Les principaux objectifs sont :

  • Assurer un accompagnement sécurisé et de qualité en identifiant et réduisant les dangers potentiels.
  • Prévenir les incidents et dysfonctionnements susceptibles de compromettre la sécurité des usagers ou la continuité des services.
  • Promouvoir une culture de vigilance partagée parmi les professionnels, favorisant la réactivité et l'amélioration continue des pratiques.
  • Concilier les exigences réglementaires avec une approche humaine, en évitant une sur-sécurisation qui pourrait nuire à la liberté des usagers.

Pour aller plus loin

⦿ Responsabilité juridique des ESSMS : un équilibre entre sécurité et droits des personnes

Cadre légal et responsabilités

La gestion des risques dans les ESSMS s’inscrit dans un cadre législatif exigeant, notamment avec :

  • La loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002, qui garantit le droit des usagers à un accompagnement individualisé et de qualité.
  • Les exigences du Code de l’action sociale et des familles (CASF), qui définissent les obligations en matière de prévention et de sécurité.
  • Les dispositions relatives à la responsabilité civile et pénale des gestionnaires et des professionnels en cas de manquement aux obligations de sécurité.

Démarche de gestion des risques :  les grandes étapes de la méthode

La gestion des risques repose sur une méthodologie structurée qui inclut plusieurs étapes clés :

  1. Identification des risques : recensement des situations à risque à travers des audits, des retours d’expérience et des analyses de données.
  2. Évaluation des risques : mesure de la probabilité et de la gravité des risques identifiés.
  3. Priorisation des risques : classement des risques en fonction de leur criticité pour orienter les actions.
  4. Mise en œuvre des actions préventives et correctives : élaboration de plans d’action adaptés pour limiter ou supprimer les risques.
  5. Suivi et évaluation : surveillance continue des mesures mises en place et réajustement si nécessaire.

Identifier et évaluer les risques

Avant de plonger dans l'analyse détaillée des risques, il est essentiel de bien distinguer la différence entre la gestion des risques a priori et a postériori.

Gestion des risques et des évènements indésirables : une distinction nécessaire

La gestion des risques est une démarche proactive visant à anticiper les dangers susceptibles de survenir dans le cadre des activités des ESSMS. Elle repose sur l’identification, l’évaluation et la maîtrise des risques afin de minimiser leur impact sur les usagers et les professionnels.

En revanche, les événements indésirables sont des incidents qui se sont produits malgré les mesures de prévention mises en place. 

Ils peuvent être liés à des erreurs humaines, des dysfonctionnements organisationnels ou des aléas externes.

La gestion des risques inclut donc une double approche :

  • Préventive, en identifiant les risques à priori pour empêcher leur occurrence.
  • Corrective, en tirant les enseignements des événements indésirables survenus pour éviter leur répétition.

Qu’est-ce que l’analyse des risques à priori ?

L’analyse à priori consiste à anticiper les dangers potentiels en examinant les activités, les environnements de travail et les interactions avec les usagers. Cette démarche inclut :

  • La collecte d’informations : observation des pratiques, analyse des processus et consultation des retours d’expérience.
  • L’évaluation des risques : identification des causes probables, estimation de leur probabilité d’occurrence et de leur gravité.
  • La hiérarchisation des risques : classement des risques selon leur criticité afin de prioriser les actions à mettre en place.

Qu’est-ce que l’analyse des risques à posteriori ?

L’analyse à posteriori se concentre sur les événements indésirables, les incidents ou accidents qui se sont produits. Cette analyse permet de comprendre les causes sous-jacentes et d’identifier les leviers d’amélioration.

Elle suit généralement une méthodologie en plusieurs étapes :

  1. Recueil des données : utilisation de fiches de déclaration d’événements indésirables pour documenter les incidents.
  2. Analyse des causes : recherche des facteurs contributifs en se basant sur des outils comme le diagramme d’Ishikawa (arêtes de poisson) ou la méthode des 5 Pourquoi.
  3. Mise en œuvre de mesures correctives : proposition d’actions pour corriger les défaillances identifiées.
  4. Capitalisation : intégration des leçons apprises dans les procédures et formations.

Outils pratiques pour la gestion des risques en ESSMS

La gestion des risques repose sur des outils et des méthodes spécifiques pour identifier, analyser et traiter les risques :

  • Méthode QQOQCP : un outil d’analyse permettant de structurer les informations en répondant aux questions : Qui ? Quoi ? Où ? Quand ? Comment ? Pourquoi ?
  • Fiches de déclaration d’incident : documents standardisés pour signaler les événements indésirables.
  • Gestion des événements indésirables digitalisée : pour structurer le processus de déclaration et répondre aux exigences réglementaires.
  • DAMRI (Démarche d’Analyse et de Maîtrise du Risque Infectieux) : une démarche de prévention du risque infectieux globale.
  • DUERP (Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels) : obligatoire pour toutes les structures, ce document recense et évalue les risques professionnels.
  • AMDEC (Analyse des Modes de Défaillance, de leurs Effets et de leur Criticité) : Méthode proactive permettant d’identifier les défaillances possibles d’un processus ou d’un service.

Créer une cartographie des risques en ESSMS

La cartographie des risques est un outil stratégique qui permet de visualiser les risques auxquels un ESSMS est exposé, en les organisant par thématiques et niveaux de criticité.

Étapes pour établir une cartographie des risques :

  1. Recenser les risques identifiés lors des analyses à priori et à posteriori.
  2. Hiérarchiser les risques en fonction de leur probabilité d’occurrence et de leur impact.
  3. Catégoriser les risques par domaine : risques infectieux, organisationnels, etc.
  4. Représenter graphiquement les risques, par exemple à l’aide d’un tableau de criticité ou d’une matrice des risques.

Avantages d’une cartographie des risques :

  • Facilite la priorisation des actions préventives et correctives.
  • Permet de mobiliser les équipes autour d’une vision claire et partagée des enjeux.
  • Sert de support pour le suivi et l’évaluation des mesures de maîtrise des risques.

Pour aller plus loin

⦿ Cartographie des risques en ESSMS : 5 étapes pour la mettre en œuvre

Prévoir, traiter et maîtriser les risques

Pour transformer les analyses des risques en actions concrètes, il est essentiel de définir un plan d’action structuré et adapté.

Définir un plan d’actions 

Le plan d’action constitue l’élément central de la gestion des risques. Il s’appuie sur les analyses réalisées (à priori et à posteriori) pour définir des mesures concrètes et adaptées.


Pour le préparer, il est essentiel de :

  1. Fixer des priorités : identifier les risques critiques nécessitant une intervention immédiate.
  2. Définir des objectifs clairs et mesurables : chaque action doit répondre à un objectif précis lié à la réduction ou à l’élimination des risques (la méthode SMART : un outil très utile pour les définir) 
  3. Associer les acteurs concernés : mobiliser l’ensemble des parties prenantes, y compris les usagers, pour assurer une adhésion collective.
  4. Planifier les étapes : déterminer les ressources nécessaires, les délais et les responsabilités pour chaque action.

Élaboration de procédures et protocoles opérationnels

La mise en œuvre du plan d’action passe par l’élaboration de procédures et protocoles adaptés. Ces outils opérationnels permettent de structurer les actions et d’harmoniser les pratiques professionnelles.

  • Procédures : elles décrivent les étapes à suivre pour prévenir ou traiter un risque spécifique.
  • Protocoles : ils définissent les règles et standards à appliquer dans des situations précises (ex. : protocole d’hygiène pour limiter le risque infectieux).
  • Formations et sensibilisations : les équipes doivent être régulièrement formées à l’utilisation de ces outils et aux bonnes pratiques.

Un accès clair et centralisé à ces documents via une gestion documentaire structurée est indispensable pour garantir leur utilisation au quotidien.

Vérification de la pertinence et de l’efficacité du plan d’actions

La vérification est une étape clé pour s’assurer que les actions mises en œuvre atteignent les objectifs fixés. 

Elle repose sur :

  • L’analyse des résultats obtenus : comparer les données avant et après l’application des mesures pour évaluer leur impact.
  • Les retours d’expérience : impliquer les équipes pour identifier les forces et faiblesses du plan.
  • L’ajustement des mesures : si les résultats sont insuffisants, adapter ou renforcer les actions prévues.

Surveillance des risques résiduels

Malgré la mise en œuvre d’actions préventives et correctives, certains risques, dits résiduels, subsistent. Ils nécessitent une attention particulière pour éviter qu’ils ne se concrétisent.

Pour les gérer :

  • Maintenir une surveillance active : utiliser des outils tels que des tableaux de bord ou des indicateurs spécifiques.
  • Revoir périodiquement les plans d’action : actualiser les mesures en fonction des évolutions du contexte ou des retours d’expérience.
  • Former les équipes à la détection rapide de signaux faibles indiquant un risque émergent.

Garantir l’efficacité des actions par des outils et des évaluations

Pour garantir que les actions mises en œuvre atteignent leurs objectifs, plusieurs outils et approches peuvent être mobilisés :

Audits

  • Les audits internes permettent d’évaluer la conformité des pratiques avec les procédures établies.
  • Ils mettent en lumière les écarts à corriger et les améliorations possibles.

Surveillance

  • La mise en place d’un système de surveillance continue permet de suivre l’évolution des risques et de détecter les anomalies en temps réel.

Évaluations

  • Les évaluations périodiques des actions réalisées mesurent leur impact sur les risques identifiés.
  • Elles aident à identifier les besoins d’ajustement pour atteindre les objectifs fixés.

Indicateurs

  • Les indicateurs quantitatifs et qualitatifs (par exemple, le nombre d’incidents signalés) fournissent une vision objective de l’efficacité des mesures.
  • Ils doivent être sélectionnés en fonction de leur pertinence pour chaque type de risque.

En combinant ces outils, les ESSMS peuvent instaurer une boucle d’amélioration continue, garantissant la pertinence et la durabilité de leur politique de gestion des risques.

La gestion des risques dans le référentiel HAS : un enjeu qualité

La gestion des risques dans le référentiel d'évaluation de la Haute Autorité de Santé est devenue un repère pour les ESSMS. 

Quel que soit leur domaine d'activité, les structures doivent mettre en place un dispositif rigoureux et efficace pour répondre aux exigences qualité imposées par ce cadre réglementaire.

Un objectif et 4 critères

Le référentiel HAS impose aux ESSMS de structurer une gestion des risques solide et adaptée à leurs spécificités. Cette démarche ne se limite pas à une simple conformité réglementaire ; elle devient un levier stratégique pour améliorer la qualité des services offerts et garantir la sécurité des usagers et des professionnels.

La gestion des risques se traduit notamment par cet objectif : 

Objectif 3.14 - L’ESSMS est doté d’un plan de gestion de crise et de continuité de l’activité.

Pour atteindre cet objectif, deux critères impératifs et deux critères standards sont identifiés :

🟥 Critère 3.14.1 : L’ESSMS définit, avec les professionnels, un plan de gestion de crise et de continuité de l’activité et le réactualise régulièrement. 

🟥 Critère 3.14.2 -L’ESSMS communique son plan de gestion de crise en interne et en externe.

🟦 Critère 3.14.3 - Les professionnels participent aux exercices et aux retours d’expérience partagés, organisés par l’ESSMS.

🟦 Critère 3.14.4 - Les professionnels sont régulièrement sensibilisés et/ou formés à la gestion de crise.

Ces critères illustrent bien l'importance d'une approche proactive et collaborative pour renforcer la résilience des structures face aux crises potentielles.

Pour aller plus loin

⦿ Plan de Gestion de Crise en ESSMS : Que Doit-il Contenir ? Comment le Structurer ?

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Questions fréquentes

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À propos de l’auteur

Gregory Cousyn

Grégory occupe le poste de Head of Customer Care & Quality chez Qualineo. Son parcours : ancien infirmier diplômé d’état ayant travaillé pour le Ministère des Armées, Grégory Cousyn intègre un établissement de santé où il occupait un poste de direction. Son expérience s’articule autour de l’optimisation des organisations pour développer les performances et l’activité d’un établissement, l’appui à la stratégie et la gestion de projets.