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Risque de GEA : prévenir, anticiper et gérer les Gastro-Entérites Aiguës en EHPAD

Gregory Cousyn

January 17, 2024

Temps de lecture :

6 minutes

risque-gea-ehpad
Médico-social / Social

Les Gastro-Entérites Aiguës (GEA) représentent un défi majeur dans les établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD). 

Ces infections, principalement virales, peuvent entraîner des épidémies rapides et sévères, particulièrement dangereuses pour les résidents âgés et fragiles. 

S'appuyant sur les directives du ministère des Solidarités et de la Santé1 , cet article explore les stratégies essentielles pour prévenir, anticiper et gérer efficacement les GEA en EHPAD.

(1) Source MINISTÈRE DES SOLIDARITÉS ET DE LA SANTÉ - Guide réflexe sur la prise en charge des cas groupés d’insuffisance respiratoire aigüe (IRA) et de gastroentérite aigüe (GEA) en collectivités de personnes âgées.

Mesures de prévention du risque de GEA

Pour minimiser le risque de GEA en EHPAD, des mesures préventives efficaces sont indispensables. Voici plusieurs aspects clés : 

Hygiène des mains

Pour le personnel : 

  • Utilisation de produits hydro-alcooliques pour les frictions des mains
  • Lavage préalable des mains avec un savon doux si celles-ci sont mouillées, visiblement souillées ou poudrées
  • Frictions avant et après chaque acte de soin
  • Frictions entre deux actes de soin sur un même patient
  • Frictions après avoir retiré des gants
  • Frictions en cas de contact avec des liquides biologiques
  • Frictions avant de préparer, manipuler ou servir des aliments
  • Ne pas porter de bijoux ou de montres pendant les soins
  • Maintenir des ongles courts, sans vernis ni faux ongles.

Pour les résidents

Lavage simple des mains  : 

  • Lavage lors de la toilette quotidienne
  • Lavage en cas de souillures sur les mains
  • Lavage systématique après utilisation des toilettes
  • Lavage, dans la mesure du possible, avant et après avoir partagé un espace commun comme le restaurant.

Hygiène alimentaire

  • Respect strict des normes d’hygiène dans la préparation et la manipulation des aliments (voir aussi notre article sur la méthode HACCP)
  • Entretien régulier des équipements de cuisine et des fontaines réfrigérantes pour éviter la contamination.

Hygiène de l’environnement

  • Protocoles de nettoyage rigoureux des espaces communs et privés
  • Gestion adéquate du linge et des déchets pour limiter la propagation des agents infectieux.

Gestion des excrétas

  • Port obligatoire d'équipements de protection individuelle, incluant gants et tablier, lors de la gestion des excrétas.
  • Respect strict de l'hygiène des mains en parallèle avec l'utilisation des équipements de protection.
  • Éviter les procédures manuelles de vidange et d'entretien des contenants d'excrétas.
  • Proscrire le rinçage des contenants par douchette pour éviter l'aérosolisation des matières fécales.
  • Privilégier l'utilisation du lave-bassin ou des sacs protecteurs à usage unique pour la gestion des excrétas.

Port de gants

  • Requis uniquement lors du contact ou du risque de projection avec des liquides biologiques, une peau lésée ou une muqueuse
  • Respecter l'hygiène des mains avant et après avoir porté des gants.

Port de tablier à usage unique, masque et lunettes

Utiliser un tablier à usage unique, un masque et des lunettes de protection en cas de risque de projection de produits biologiques.

Mesures d’anticipation du risque de GEA

Pour anticiper le risque de GEA en EHPAD, plusieurs stratégies clés doivent être mises en place.

Formation du personnel

  • Programmes de formation continue sur les bonnes pratiques d’hygiène et les procédures de prévention.

Matériel et produits

  • Assurer l'accès facile au matériel et aux produits nécessaires, tels que les produits hydro-alcooliques, les gants et les tabliers
  • Mettre en place une organisation efficace pour le circuit des prélèvements.
  • Favoriser l'utilisation du lave-bassin autant que possible.

Surveillance et coordination

  • Mise en place d’un référent épidémie pour une surveillance proactive.
  • Protocoles pour une réponse rapide en cas de suspicion de GEA.

Conduite à tenir dès le premier cas

Lorsqu'un premier cas de GEA est identifié en EHPAD, une série de mesures spécifiques doivent être prises :

Démarche étiologique

Il faut savoir que la majorité des GEA en EHPAD sont d'origine virale. 

  • Limiter l'utilisation d'antibiotiques aux cas d'infection bactérienne présentant un syndrome dysentérique, des signes graves, une fièvre élevée ou une évolution prolongée de plus de trois jours.

Diagnostic microbiologique

  • Procéder à ce diagnostic en cas de symptômes tels que : fièvre, rectorragies, diarrhées glairo-sanglantes, déshydratation sévère ou évolution de la maladie au-delà de 5 jours par le biais d'une coproculture (sur des prélèvements frais ou conservés moins de 12 heures à 4°C, transportés dans un triple emballage)
  • Rechercher une infection à Clostridium difficile, en particulier après un traitement antibiotique dans le mois précédent, en commençant par une recherche de toxines.

Précautions complémentaires de type “contact”

Sans attendre la confirmation étiologique, voici les mesures à mettre en place : 

Isolement

  • Maintien strict du résident dans sa chambre
  • Arrêt de toute participation aux activités collectives pour le résident concerné
  • Mise en place d'une signalisation claire à l'entrée de la chambre pour informer du statut d'isolement.

Hygiène des mains

  • Renforcement systématique de l'hygiène des mains après tout contact avec l'environnement du résident
  • Application de l'hygiène des mains également en sortant de la chambre du résident.

Port de gants

  • Utilisation obligatoire de gants à usage unique pour tous les contacts directs et soins de nursing apportés au résident
  • Respect de l'hygiène des mains avant de mettre les gants et immédiatement après leur retrait.

Port de tablier à usage unique

À porter systématiquement durant les contacts avec le résident et lors de la réalisation des soins de nursing.

Précautions environnementales

Bionettoyage

  • Nettoyage et désinfection quotidiens des sols et surfaces, y compris les poignées de porte, rails de lits, toilettes, lavabos et robinets.
  • Nettoyage et désinfection immédiats des surfaces contaminées par des selles ou des vomissements. Utilisation recommandée de laves bassins pour cette tâche.
  • En l'absence de laves bassins, évacuation des selles dans le réseau d'assainissement, suivie d'une désinfection immédiate du bassin avec de l'eau de javel ou un produit virucide efficace contre les norovirus.
  • Utilisation de désinfectants virucides conformes à la norme européenne EN14 476 ou de l'eau de javel pour le nettoyage.

Matériel médical

  • Utilisation de matériel médical à usage unique ou dédié à chaque patient, pour éviter la contamination croisée
  • Nettoyage et désinfection quotidiens de ce matériel, y compris les stéthoscopes, brassards à tension, thermomètres, et autres équipements.

Linge

  • Évacuation du linge utilisé dans un circuit spécifique pour le linge contaminé, si un tel circuit est disponible.
  • En l'absence d'un circuit dédié, utiliser un double emballage pour le linge contaminé avant son évacuation.

Déchets et excrétas

  • Évacuation des déchets et excrétas avant de quitter la chambre du résident.
  • Élimination des déchets souillés par des selles (tels que protections, alèses à usage unique, etc.) dans la filière des Déchets d'Activités de Soins à Risques Infectieux (DASRI).

Recherche de cas

  • Recherche active d'autres cas de GEA parmi les résidents et le personnel.
  • Information et mise à jour régulière du personnel sur la situation et les cas identifiés.

Signaler dès le premier cas de GEA

Face au risque d’une épidémie de GEA en établissement, il est important que le premier cas dans un établissement soit déclaré comme un événement indésirable, déclenchant ainsi l'élaboration d'un plan d'action.

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Conduite à tenir devant plusieurs cas

Face à plusieurs cas de GEA en Ehpad, des mesures spécifiques doivent être mises en œuvre :

Hygiène standard

  • Maintien quotidien et rigoureux des précautions d'hygiène standard, avec des rappels réguliers si nécessaire.
  • Renforcement spécifique de l'hygiène des mains pour les résidents.

Précautions complémentaires de type « contact »

Pour chaque cas suspecté et sans attendre la confirmation étiologique, mettre en place : 

  • Isolement du résident concerné jusqu'à 48 heures après la disparition des symptômes
  • Suspension des transferts et des admissions dans les unités affectées par la GEA
  • Limitation des visites.

Recherches étiologiques 

Réalisation de recherches étiologiques pour identifier l'agent pathogène responsable

  • Effectuer des recherches virales sur au moins 5 prélèvements provenant de 5 patients différents, en fonction des capacités des laboratoires d'analyse biomédicale ou, si nécessaire, en collaboration avec le Centre national de référence (CNR).
  • Réaliser des recherches bactériennes sur 3 à 5 prélèvements issus de patients différents.

Mesures de contrôle spécifiques selon les agents pathogènes ou les situations

Stratégies de gestion adaptées en fonction de l'agent pathogène et du contexte spécifique : 

Clostridium difficile

Ces Infections Clostridium difficile (ICD) sont responsables de diarrhées post-antibiotiques et première cause de diarrhées nosocomiales. Les colites pseudomembraneuses comme des formes graves d'ICD.

  • Prescription d'antibiotiques uniquement en présence de toxines de Clostridium difficile, distinctives des infections symptomatiques.
  • Prise en compte de la transmission par manuportage ou depuis un environnement contaminé, et de la résistance élevée des spores dans l'environnement.
  • Efficacité modérée des solutions hydro-alcooliques sur les spores de Clostridium difficile.
  • Nécessité de considérer le diagnostic d'ICD en cas de diarrhée post-antibiotique.
  • Recherche de toxines de Clostridium difficile dans les selles via un test de diagnostic rapide pour adapter le traitement.
  • Utilisation de l'eau de javel comme désinfectant de référence pour les surfaces contaminées.
  • Obligation du port de gants à usage unique et du lavage des mains avant et après les soins, complété par une friction avec un produit hydro-alcoolique.

TIAC 

Il y a TIAC (Toxi-Infections Alimentaires Collectives) lors de la survenue d'au moins deux cas liés à une même origine alimentaire : 

  • Obligation de déclaration spécifique pour toute TIAC.
  • La déclaration de TIAC permet aux Agences régionales de santé et aux services déconcentrés de protection des populations, de mener des enquêtes épidémiologiques et vétérinaires.

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Questions fréquentes

Découvrez nos réponses aux questions fréquemment posées sur le DUERP en structure médico-sociale, sociale et sanitaire.

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À propos de l’auteur

Gregory Cousyn

Grégory occupe le poste de Head of Customer Care & Quality chez Qualineo. Son parcours : ancien infirmier diplômé d’état ayant travaillé pour le Ministère des Armées, Grégory Cousyn intègre un établissement de santé où il occupait un poste de direction. Son expérience s’articule autour de l’optimisation des organisations pour développer les performances et l’activité d’un établissement, l’appui à la stratégie et la gestion de projets.